Une question se pose
Depuis quelques semaines, certains élus de la confédération helvétique commencent à se poser une question: Et si dans cette crise avec l'OCDE, la Suisse mentait à la planète toute entière? Le secrétaire général de cette organisation ne serait-il pas le bouc-émissaire "bien pratique" d'une classe politique suisse en pleine déroute? Des parlementaires n'hésitent plus à souligner que certaines travées du parlement se sont bien vite accommodées de la crise internationale pour masquer une incapacité notoire à anticiper l'avenir de la confédération. Les récentes informations qui circulent ne sont pas du meilleur genre pour défendre la position actuelle de l'exécutif suisse. En effet en plus d'une croisade contre l'OCDE et plus particulièrement son secrétaire général, la Suisse arriverait donc à vouloir faire avaler des couleuvres à toute la planète?... En tous cas sans grandes difficultés aux amis de la coalition des victimes de la liste des paradis fiscaux issue du G20, Luxembourg, Autriche...
Arrogance
D'abord le dossier UBS qui s'est vite calmé dans le sillage des premières décisions de la justice américaine, la Suisse s'était montrée plutôt arrogante au départ, criant à l'injustice (là aussi) et puis se rangeant au pas avec les preuves édifiantes confirmées par un règlement record de sommes aux USA... Dans cette affaire de crise ouverte avec l'OCDE, les principaux acteurs du plan média de la Suisse ne se privent pas de petites phrases et vont jusqu'à souhaiter "la peau" du secrétaire général de l'OCDE! Angel Gurria, homme respectable sur qui se focalise toute la haine helvète! Le secrétaire général qui assure vouloir rencontrer l'exécutif suisse ne pouvait le faire le jour tant souhaité à Berne, mais assure qu'il viendra bien à la rencontre de ceux qui lui souhaitent tant de bien! Voir aussi quand "ils ne lui tirent pas l'oreille" comme M. Gerber secrétaire d'état à l'économie et Madame Doris Leuthard, ministre de l'Economie... Ce qu'a précisé avec sympathie le secrétaire général de l'OCDE.
Angel GURRIA le Diplomate
Flanqué "d'ennemi public numéro deux", après le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurría, est passé à l’offensive diplomatique par voie de presse ce week-end. Il ne s'est jamais caché sur ses relations et sa volonté d'une coopération efficiente et constructive, ce que tous les observateurs du dossier s'accordent à préciser, lui offrant un peu de baume au coeur dans cette crise que le couple franco-allemand jugerait avec réalisme: "Nos amis suisses sont pour le moins mauvais perdants, pour le pire bien peu inspirés, en effet ils ont un secrétaire général dévoué pour trouver la meilleure issue, et ce bien avant le G20! Angel Gurrià est un homme qui force l'admiration, jusqu'au bout il a souligné le risque d'un entêtement de certains paradis excessifs (Ndlr: Suisse, Luxembourg...). Il a toujours informé l'éxécutif de la Suisse et fort d'un franc parler il a même alerté ceux qui devaient l'être bien avant un communiqué final du G20..." Souligne un diplomate qui ne comprend pas "pourquoi les Suisses ne redoublent pas d'autant d'efforts face aux membres du G20, américains bille en tête et bien sûr couple franco-allemand et anglais s'ils ont autant de force de conviction pour faire croire que M.Gurrià serait que "le pantin" du G20! Il faut être sérieux, la Suisse joue un mauvais rôle qui ne correspond en rien à l'image que nous autres diplomates sommes en droit de vouloir conserver à l'esprit. C'est un délire collectif du plus mauvais goût!" Précise le diplomate qui ne cache pas une certaine inquiétude face aux derniers rebondissements:
Parlement
" Oui, il a informé la Suisse qu’une tempête allait s’abattre sur elle et son secret bancaire. Non, il n’a pas fait de cachotteries à l’un de ses membres fondateurs."
Dans les travées du parlement, ces déclarations sèment le doute. Du côté du Conseil fédéral, on ne commente pas, mais une certaine gène gagne l'hémicycle. La ministre de l’Economie Doris Leuthard (PDC) donnera toutefois sa version des faits aujourd’hui à la Commission de l’économie du Conseil national.
Impatience
Angel Gurría, lui, a décliné l’invitation des élus en raison d’un déplacement professionnel en Chine. Mais sa promesse sera tenue, il fera le déplacement devant ceux qui marquent une réelle impatience: "On doit éviter l'économie de la franchise, trop c'est trop!" Souligne un observateur du dossier qui pense savoir que certains risquent de regretter au plus haut point et même à haut niveau la venue du secrétaire général de l'OCDE!" Angel Gurrià qui "risque bien de remettre certaines pendules à l'heure!". Il est clair que la crise peut toucher à l'honneur: un observateur amusé soulignera que si le duel serait encore l'usage, il y aurait de quoi faire en cette période troublée"...
Collision imminente
Car la Politique de la chaise vide ne plaidera jamais en la faveur du camp Suisse: «Nous avons averti la Suisse que la machine était lancée, qu’elle ne s’arrêterait pas, que la collision était imminente.» Angel Gurría estime dans les colonnes du Temps n’avoir rien à se reprocher. Que mieux, depuis octobre 2008, il a signalé à Berne l’évolution des mentalités internationales, systématiquement informé les dirigeants suisses sur la collaboration entre l’OCDE et le G20 (groupe des grands pays industrialisés et émergents) et évoqué l’éventuelle élaboration d’une liste noire des paradis fiscaux ce que la presse internationale confirmait encore cette semaine. Angel Gurría s’est également dit surpris qu’en janvier dernier, lors du Forum de Davos, il se soit fait «tirer l’oreille par M. Gerber et Mme Leuthard» alors qu’il les rendait attentif à la pression croissante subie par les ministres des Finances pour combattre l’évasion fiscale, et que cela réduisait la marge de manœuvre suisse.
Chaise vide
Angel Gurrià a aussi fustigé à juste titre la politique de la chaise vide de la Suisse (tout comme le Luxembourg il y a peu ), en octobre 2008, lors d’une réunion informelle de 17 membres de l’OCDE à Paris. Il y était question de paradis fiscaux, et l'objectif était bien de travailler sur les grandes orientations reprises par le G20 quelques mois plus tard...
Mais alors que réplique le Conseil fédéral? En fait pas de commentaire dans les deux départements concernés, les Finances de Hans-Rudolf Merz (PLR) et l’Economie de Doris Leuthard. Tout au plus précise-t-on au SECO que la Suisse «n’a pas été consultée quand une liste de paradis fiscaux comprenant son nom a été transmise au G 20». Ce qui paraît bien léger puisque la réunion de Paris s'inscrivait justement dans cette logique et ce dès octobre 2008... Ce n'est donc pas un hasard si la Suisse, avec d’autres pays, a bloqué un crédit pour la collaboration entre l’OCDE et le G 20... En fait une signature, qui ne craint pas le ridicule!
Faire la lumière
Leuthard en commission: «Soit on nous a fait un enfant dans le dos. Soit nos ambassadeurs n’ont pas vu passer le puck. Soit le Conseil fédéral savait tout, et il n’a pas agi en conséquence.» Pour Jean-François Rime (UDC/FR), plutôt contrarié par les déclarations d’Angel Gurría, il est temps de faire la lumière sur ce qui s’est véritablement passé ces derniers mois. Pour Charles Favre (PLR/VD): «nous devons savoir si tout a été fait pour être entendu ou si on a raté le train». A ce titre, plusieurs élus regrettent l’absence de représentants de l’OCDE aujourd’hui, malgré l’invitation, mais nos amis suisses ne comprendraient-ils pas que l'emploi du temps du secrétaire général de l'OCDE ne se décide pas à la dernière minute comme par exemple, une liste de paradis fiscaux...
Mensonge collectif
Si Jean-Claude Rennwald (PS) s’interroge également sur l’attitude de la Suisse, il a sa petite idée sur ce qui s’est passé: «Plutôt que de croire à de la négligence, je penche pour une volonté de refouler certaines évolutions.» Le Jurassien juge donc vraisemblables les déclarations d’Angel Gurría et montre ainsi l'insoutenable légèreté de la Suisse dans cette crise avec l'OCDE.
Ce qui caractérise cette crise c'est bien le mensonge collectif, des parlementaires, des ministres qui pour la plupart, égris, sont bien dans la rancoeur des mauvais perdants!
Mais sans vouloir ajouter à la polémique, il nous faudra bien conclure que cette réalité d'un G20 qui favorise les grands états au détriment des plus petits ne doit pas autoriser une Suisse à se mentir à elle-même pour mieux mentir à toute la planète...
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