Monday, November 22, 2010

AFFAIRE KARACHI GATE: La mission d'enquête parlementaire bafouée?





                       "Gravissime coup porté à la représentation nationale et aux institutions?"




 L'affaire du KARACHIGATE prend une tournure inacceptable pour tous ceux qui souhaitent préserver le respect que supposent les institutions de la république, sa constitution. Au premier rang duquel la représentation nationale et donc ses députés qui se doivent de monter au créneau pour obtenir la réouverture de la mission parlementaire en charge de l'affaire qui deviendrait commission d'enquête parlementaire. Le président de cette mission ne cache pas à quel point ses travaux semblent avoir fait l'objet d'un manque crucial de vérité, de fortes présemptions de rétentions d'informations semblent aujourd'hui acquises dans le dossier. A mesure que les langues se délient, il semble toujours plus acquis que la commission était donc bafouée dans sa mission.

Il s'agit d'un grave coup porté à l'ensemble de la représentation nationale, ce sont des membres de cette mission qui le disent. Il faut restaurer la confiance qui devrait prédominer à l'exercice d'une mission  qui se proposait  d'éclairer la représentation nationale sur des pratiques que la raison d'état ne pourra jamais justifier, est-il besoin de repréciser ici la douleur des familles de victimes,  ressortissants français en exercice pour le compte de l'état français! 



Dominique de Villepin sera auditionné par le juge en charge du dossier, il est attendu pour venir s'expliquer -à sa demande expresse-  pour faire toute la lumière sur son rôle en tant qu'ancien secrétaire général de l'Elysée. Lui qui s'est fait fort d'annoncer la trés forte suspicion de l'éxistence de rétrocommissions  qui portèrent la décision de Jacques Chirac,  ancien président de la république pour -moraliser- les pratiques liées aux contrats des ventes de l'armement, créant ainsi un précèdent après l'épisode Balladur...


Courage


Ce sont les familles des victimes qui éxigent à présent que le courage soit justement de mise, celui qui ne s'abritera plus derrière le fameux devenu trés fumeux secret défense et donc la raison d'état. L'ancien premier ministre, actuel ministre de la défense, Alain Juppé devrait à son tour être entendu, ce sont les familles qui souhaitent que celui qui aurait autorisé des écoutes des premiers cercles comme des "proches" de François Léotard (ancien ministre de la Défense), dont il serait reproché sous couvert de la raison d'état, l'organisation de circuits douteux pour protéger les transactions, l'objectif étant bien  de signer les contrats d'armements militaires avec le Pakistan, opérations validées par le ministre du budget en son temps, un certain Nicolas Sarkozy.

Déclassification  

Pour les avocats des familles, il faut que le chef de l'état cesse de passer de la posture de "fable" à celle de nouveau chevalier blanc... Il faut que tous les dossiers soient déclassifiés, que le juge puisse se voir garantir un exercice sans faille dans sa recherche de la vérité, sans aucunes limitations. C'est bien le supposé financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur qui remonte ainsi à la surface...   

Premier couac de taille

Le premier ministre, François Fillon vient d'empêcher une perquisition au siège de la DGSE sollicitée par le juge en charge du dossier...


Balladur ou le silence radio...

Bien étrange que la posture de l'ancien premier minstre, ancien candidat rival de Jacques Chirac à la présidence de la république. Occasion de préciser ici cette analyse bien objective sur les besoins importants que pouvait  représenter le besoin de financement de deux candidatures majeurs à droite... Dont une pour le moins tardive techniquement parlant pour des besoins colossaux de financement aussi conséquents.



Voici pour information la déposition de Charles Millon  (ancien ministre de la défense)
(Source Nouvel OBS)



Affaire Karachi : ce qu'a dit Charles Millon au juge


Voici l'intégralité de l'audition de Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, par le juge Van Ruymbeke, audition durant laquelle il confirme pour la première fois devant la justice qu'il y a bien eu des rétrocommissions dans les dossiers gérés par le gouvernement Balladur en 1994 et 1995.




Question : La présente information a pour but de rechercher les auteurs du délit d'entrave dénoncé par les parties civiles. Elles dénoncent le fait que leur ont été cachée l'existence des deux rapports Nautilus des 11 septembre et 7 novembre 2002 dont elles n'ont eu connaissance que fin 2008 dans le cadre d'autres investigations judiciaires

Les rapports Nautilus énoncent que la cause de l'attentat commis le 8 mai 2002 résulte de l'arrêt du versement des commissions exigées lors de la signature du contrat Agosta, dont une part était destinée à corrompre des décideurs politiques et militaires pakistanais et l'autre à verser des rétrocommissions.

Avez eu connaissance de ces rapports ?

Réponse : Jamais.

Question : Les rapports font un lien entre l'attentat et l'arrêt du versement des commissions. Dans quelles circonstances êtes-vous intervenu lors de l'arrêt du versement des commissions dans le contrat Agosta et Sawari II ?

Réponse : Après les élections présidentielles de 1995, j'ai été nommé ministre de la Défense. Dans les quinze jours qui ont suivi, le président de la République m'a demandé de procéder à la révision des contrats d'armement et de vérifier dans la mesure du possible s'il existait des indices sur l'existence de rétrocommissions.

Question : Le président de la République vous a-t-il fait part de ses propres doutes ?

Réponse : Si ma mémoire est bonne, le président de la République m'a dit, comme il l'a déclaré lors d'une conférence de presse aux alentours du 14 juillet, qu'il souhaitait une moralisation de la vie publique et politique et qu'il y avait trop de bruit autour des contrats d'armement dû à l'existence de rétrocommissions. Il m'a donc demandé de faire procéder à une vérification sur tous les contrats."

Des contrats ont été confirmés, par contre d'autres contrats ont donné lieu à une révision et même à une annulation. Cela a été le cas du contrat Agosta.

Question : Est-ce que cela a été le cas également pour Sawari II ?

Réponse : Je le crois.

Question : Comment avez-vous procédé ?

Réponse : J'ai demandé à mon cabinet d'alerter toutes les directions pour qu'elles procèdent à des vérifications.

A mon cabinet, c'est Marwan Lahoud qui en était responsable sous la responsabilité du directeur de cabinet.

Question : Y a-t-il eu des écoutes visant des collaborateurs de François Léotard, François Lépine, Patrick Molle et Pierre-Louis Dillais ?

Réponse : Oui. Je les ai sollicitées auprès du Premier ministre, M. Juppé, en la personne de son directeur de cabinet M. Gourdeau-Montagne, aujourd'hui Ambassadeur. C'est mon directeur de cabinet Jean-Louis Chaussende qui l'a contacté. François Lépine, Patrick Molle et Pierre-Louis Dillais avaient reçu des menaces de mort et c'est la raison pour laquelle les écoutes ont été ordonnées. Il s'agissait d'une procédure officielle, les écoutes étant réalisées, je crois, au Centre des Invalides.

Question : Qu'ont donné ces écoutes ?

Réponse : Rien.

Question : Selon un article du Monde du 9/07/1993, cité page 221 du livre Le Contrat, des écoutes auraient été effectuées sur le contingent de la DGSE placé sous l'autorité du Ministre de la Défense. Est-ce exact ?

Réponse : C'est possible. Je ne me souviens pas qui a procédé aux écoutes. Je sais que cela a été fait dans le cadre de la réglementation.

Question : Des agents de la DGSE ont-ils procédé à des vérifications de contrats ?

Réponse : Je pense. Le patron de la DGSE était M. Dewatre, aujourd'hui à la retraite.

Question: MM. Léotard, Donnedieu de Vabres et Douffiagues, ont-il eux aussi été placés sous écoutes ?

Réponse : Non, pas à ma connaissance. Le souvenir que j'en ai est que ce sont les collaborateurs qui auraient reçu des menaces de mort.

Question : Page 223 du livre, les auteurs écrivent que vous leur avez dit que ces surveillances visaient des collaborateurs menacés de mort, entre juillet et octobre 1995. Vous êtes cité en ces termes : "D'ailleurs quand Léotard l'a appris, il m'a appelé complètement paniqué, il pensait que nous avions découvert tous les secrets de Balladur sur les ventes d'armes" ?

Réponse : Je confirme que Léotard, qui avait appris qu'il y avait des écoutes, m'avait demandé un rendez-vous pour m'interroger sur les raison de ces écoutes. Je l'ai reçu et je le lui ai dit. A cette occasion, il m'a précisé qu'il trouvé inélégant qu'on puisse enquêter sur des contrats conclus alors qu'il était ministre.

Question : A-t-il fait état de secrets du gouvernement Balladur sur des ventes d'armes ?

Réponse : Non.

Question : Les services secrets ont-ils été chargés par le ministère de la Défense de tracer les mouvements de fonds issus des rétrocommissions comme vous l'avez indiqué en citant des pays aux auteurs du livre (page 225) ?

Réponse : Je leur ai dit exactement que la DGSE avait recherché s'il y avait des dépôts de sommes qui relevaient de contrats de commissions liés à l'armement et il est apparu qu'il y avait des mouvements dans les pays cités par les auteurs mais jamais la DGSE n'est pas parvenue à avoir une preuve tangible de ces dépôts et mouvements. C'est Dewatre qui supervisait ces opérations.

Question : Vous avez indiqué aux auteurs du livre que des traces avaient été retrouvées dans des banques en Espagne, en Espagne, en Suisse à Malte et au Luxembourg. Le confirmez-vous ?

Réponse : Oui, de mémoire, selon les rapports oraux qui m'avaient été faits par des agents de la DGSE.

Question : Les agents vous ont-ils fait part de leurs soupçons sur des rétrocommissions ?

Réponse : Non. La requête portait sur les mouvements de fonds.

Question : Pourquoi avoir mis fin à ces commissions ?

Réponse : Quand il y avait des doutes on arrêtait. Pour le contrat pakistanais, au vu des rapports des services secrets et des analyses qui ont été effectuées par les services du ministère, on a eu une intime conviction qu'il y avait rétrocommissions. Cela a été le cas du contrats Agosta et Sawari II.

Question : Pourquoi ces deux contrats ?

Réposne : Parce que l'on est arrivé à des conclusions positives, on a acquis une intime conviction sur ces deux contrats en particuliers.

Question : Quels éléments vous ont conduit à avoir une intime conviction sur ces deux contrats en particulier ?

Réponse : Je n'en sais rien. Je me suis basé sur les rapports qui m'ont été faits verbalement par la DGSE.

Question : Vous avez également rapporté aux auteurs du livre page 214 la scène suivante lors de la passation des pouvoirs avec M. Léotard : ' J'étais persuadé que Léotard allait me parler des affaires réservées ou de la menace terroriste. Eh bien non, il me dit, très fébrile, qu'il faut absolument que j'aille en Arabie Saoudite pour mener à bien un contrat qu'il avait engagé sous Balladur. Je n'en revenais pas."? Le confirmez-vous ?

Réponse : Oui.

Question : Vous avez ajouté : "Quand je me rendrais plus tard en Arabie Saoudite, l'un des dignitaires du Royaume me lancera excédé : Vous vous rendez-compte vos amis sont beaucoup trop gourmands avec les contrats de commissions. Ils me donnent 8% et gardent pour eux les 10% restants. C'est n'importe quoi, qu'ils ne reviennent jamais ici ou je leur coupe la langue...". Le confirmez-vous ?

Réponse : Oui. C'est un dignitaire qui me l'a dit. Je ne souhaite pas dire son nom.

Question : Visait-il M.Takkieddine ?

Réponse : Il ne visait personne. C'était une déclaration préliminaire. Je négociais d'autres contrats pour la France.

Question : Avez-vous eu des relations avec M.Takkieddine ?

Réponse : Une fois. Soit fin 1995, soit début 1996, il voulait continuer à être intermédiaire en Arabie Saoudite. Takkieddine n'était pas seul mais je ne me souviens pas de qui il était accompagné. Je lui ai dit que non, d'ailleurs je n'ai eu recours à aucun intermédiaire à titre personnel lors de la négociation des contrats en cours à l'époque où j'étais ministre.

Question : Avez-eu affaire à EL ASIR ?

Réponse : Je me demande s'il n'était pas avec Takkieddine, je ne me souviens pas.

Question : Avez-vous eu affaire à Ben Musalam ?

Réponse : Je me demande s'il n'était pas dans la même délégation que Takkieddine.

Question : A l'issue des investigations auxquelles vous avez procédé, qu'avez-vous fait ?

Réponse : Il a été mis fin à certains contrats de commissions. Marwan Lahoud et peut-être aussi le directeur de cabinet M. Chaussendre, donnaient instructions en ce sens, soit à M. Castellan de DCN, soit à M. Mazens soit aux entreprises concernées.

Question : En avez-vous informé le président de la République ?

Réponse : Absolument. J'étais en lien direct avec ses collaborateurs, en particulier avec le secrétaire général, M. de Villepin, que je tenais régulièrement informé des investigations.

Question : Avant d'annuler ces contrats, ne vous êtes-vous pas assuré auprès des pays concernés, en particulier l'Arabie Saoudite, que cela n'aurait pas de conséquences négatives pour les contrats de ventes d'armes ?

Réponse : Je suis à peu près convaincu d'en avoir informé le ministre de la Défense saoudien, le Prince Sultan. Il ne voyait pas d'inconvénient à l'arrêt des commissions concernées.

Question : Etiez-vous directement en contact avec M. de Villepin ?

Réponse : Oui, moi-même ou mon directeur de cabinet.

Question : Avait-il lui-même des informations ?

Réponse : Non. Je le tenais informé car le président avait cette question à cœur.

Question : Est-ce que d'autres personnalités ont eu des renseignements sur la situation ?

Réponse : Ce sont essentiellement, M. Mazens et M. Lahoud qui s'occupaient de cela.

Question : Comment cela s'est-il dénoué ?

Réponse : C'est M. Mazens qui en a été chargé.

Question : A l'époque, des articles de presse se sont fait l'écho de cette affaire et pourquoi n'y a-t-il pas eu d'autres suites ?

Réponse : A un moment donné, le président de la République m'a dit que ma mission était accomplie.

Question : Y- a-t-il eu un accord de pris avec M. Léotard ou M. Balladur, cités dans les rapports Nautilus comme ayant pu bénéficier d'une partie de ces commissions ?

Réponse : S'il y a eu un accord, je n'en ai absolument pas été informé

Question : M. Léotard connaissait-il M. Takkieddine ?

Réponse : C'est de notoriété publique, si j'en crois les journaux.



Source: Nouvel Obs (Audition de Charles Millon)
Photographie: Tous droits réservés.
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