Interview: Luxembourg le 21 septembre 2009
Emanuel de Saint Cyr: Bonjour Didier REMER, c'est un plaisir de vous rencontrer avant le G20 de Pittsburgh. Finance Offshore qui vient de multiplier son auditoire de façon fulgurante est une source d'information reconnue fiable et digne d'intérêt par de trés nombreux lecteurs et acteurs de la Finance Offshore, quel est votre avis sur l'impact de ce blog?
Didier REMER: Je tiens à vous remercier au même titre que les nombreux lecteurs par ailleurs trés fidèles. Le G20 de Pittsburgh est une occasion de poursuivre les objectifs du précèdent opus de Londres. Un premier constat s'impose à nous, la crise est derrière nous, mais elle porte son lot de nouvelles qui de bonnes à moins bonnes, marquent une occasion de réflexion éclairée sur le sens des évènements qui font l'actualité comme le G20 qui v'a s'ouvrir à Pittsburgh. C'est bien cette actualité qui peut expliquer le succès du site Finance Offshore et donc son impact.
EDSC:Le site s'est largement consacré aux différentes mutations portées par le G20 de Londres, je pense aux listes de l'OCDE qui portèrent en elles les principales décisions des différents gouvernements qui décidèrent de faire une large place aux recommandations en matière fiscale et donc éthique. Peut-on considérer que le précédent G20 peut se prévaloir d'un succès au regard des nombreux accords signés pour l'échange d'informations qui portent un coup dure aux "anciennes"pratiques de nombreuses places financières?
D.REMER: Je crois que le premier volet du G20 de Londres est un succès réel. Il fallait beaucoup d'imagination pour croire que les anciens paradis fiscaux parviendraient à se conformer aux objectifs relatifs à l'échange d'information et dans une moindre mesure, la remise en question de la pratique du secret bancaire, les rémunérations des professionnels, et le système trés critiqué des bonis, c'est une nouvelle phylosophie qui doit s'installer dans un monde professionnel qui entre dans une nouvelle ère.
EDSC:Dans Finance Offshore on remarque bien que les premiers états en rédemption étaient ceux qui ouvraient le bal de la contestation. On se souvient de la fronde organisée par le président de l'Eurogroupe, premier ministre du Luxembourg, Jean-Claude Juncker. Aujourd'hui on note que de Luxembourg en passant par la Suisse et Monaco, tout le monde s'est plié aux objectifs du g20 de Londres et que mieux, les contestataires en deviendraient presque les meilleurs élèves! la peur du volet sanction annoncé pourle G20 de Pittsburgh est-elle à l'origine de cette volte-face?
D.REMER: On peut considérer que le G20 de Pittsburgh a bien été le timing de référence pour bon nombre d'états listés. Il fallait que ces derniers mesurent les conséquences possibles d'un entêtement alors que la planète se retrouvait dans une crise des plus graves. Les nombreux et forts coûteux plans de la relance mis en place sont en partie responsables de la pression accrue sur les paradis fiscaux. Le besoin de capitaux et la justification de ses plans dans l'opinion publique invitaient une mise à l'index des principaux acteurs de la dérégulation financière internationale. L'inflexion face à la situation n'était pas le meilleur angle pour des nombreux états qui sont toujours la cible du G20 de Pittsburgh qui devrait annoncer des décisions toujours plus fortes à leur encontre.
EDSC: Le président des Etats-Unis, Obama devrait annoncer des mesures supplémetaires contre les derniers récalcitrants et ceci en n'excluant pas des mesures de rétorsions trés marquées qui pourraient mettre dans la balance les relations entre les principaux pays industrialisés et donc moteurs de l'économie mondiale. Peut-il faire mieux que les européens lors du sommet?
D.REMER: Il le peut! Mais il faut s'attendre à un travail commun pour un succès partagé, je vois bien que derrière votre question se trouve la rivalité entre européens et américains, incarnée par deux hommes emblématiques, Nicolas Sarkozy et Obama. On sait que les points de vue sont trés proches alors que les méthodes sont parfois trés éloignées... Mais cette rivalité trouve ses origines dans les différences de deux modèles économiques qui se sont largement confrontés au travers d'une crise encore jugée fractale. Dans l'ensemble la frontière entre européens et américains est loin d'être importante, après tout, nous sommes dans le contexte particulier d'une sortie de crise qui doit laisser à nouveau la place à une concurence émulatrice de l'économie... Sarkozy est arrivé en "tête de gondole" de la force de proposition lors du dernier G20, pour Pittsburgh, Obama retiendra la leçon, il risque de créer la surprise en mettant en avant des positions novatrices que la toute puissance économique américaine pourrait établir en principe acquis et donc plus efficace que les décisions européennes souvent difficiles à mettre en pratique du fait même de la complexité politique qui est sienne par la gestion de 27 états aux différences démultipliées...
EDSC: On voit que les positions françaises sont à l'origine des principales mesures proposées par les européens, et que cette cohésion retrouvée peut agir en faveur des thèses des européens. C'est donc bien une mise au pied du mur pour les américains et donc Obama?
D.REMER: Je crois que votre analyse est seulement en partie juste, pour ne pas dire fondée. Le G20 de Pittsburgh c'est aussi la Chine, est bien d'autres pays qui pour bon nombre, sont dans un développement considérable et reste les acteurs essentiels qui permettront d'asseoir une reprise durable et efficace, offrant ainsi les meilleurs oportunités d'échanges et relations profitables économiques... Obama ne reste pas inerte sur l'échiquier mondial, les Etats-Unis sont bien le deuxième réservoir de consommateurs de la planète, ce n'est pas rien, et surement pas pour la Chine et l'Inde et... plus proche de nous, l'Union Européenne!
EDSC: Pour les mesures relatives aux traders, peut-on considérer les options européennes comme un frein à la dynamique de reprise des marchés?
D.REMER: C'est toute la problématique de la cohésion, comme pour les paradis fiscaux, il faut une règle du jeu qui soit pour l'essentiel et l'esprit, la même pour tous les principaux acteurs. En l'absence de lignes directrices communes, ce qui risque de ne pas être un résultat positif à Pittsburgh, les conséquences seront importantes et aprés la fuite des capitaux, on pourra remarquer la fuite des cerveaux déjà trés présente pour les scientifiques européens dont le contingent aux Etats-Unis est toujours plus important...
EDSC: La fiscalité pratiquée pour les traders est elle aussi un facteur de distorsions et donc porteur de différences importantes. Le G20 de Pittsburgh ne pourra pas à lui tout seul remettre en cause le capitalisme au point de le nier à défaut de pourvoir le changer?
D.REMER: Je suis plus optimiste que vous, il ne pourra pas le nier, mais contribuera par ses réflexions à le faire évoluer. Les questions de développement tiendront une large place et le FMI lui même viendra avec la ferme attention de lutter contre les mauvais effets du capitalisme actuel, mais trés important, le protectionnisme qui gagne du terrain. La crise de l'emploi, est bien la démonstration de ce besoin de repenser le capitalisme en le rendant plus respectueux des réalités qui composent notre planète économique, humaine...
EDSC: le respect de l'environnement est également une priorité de ce G20, le développement durable, la situation des énergies fossiles, la faim dans le monde, et par exemple la santé avec le virus de la grippe, sont autant de points qui appellent à cette prise de conscience. Le G20 de Pittsburgh peut-il à lui tout seul être le rendez-vous qui portera une solution globale?
D.REMER: Une solution globale part toujours de problématiques particulières qui se rencontrent dans un objectif commun. Les signaux sont forts pour prendre avec sérieux et détermination des décisions qui seront contributrices de l'établissement de règles toujours plus justes et donc optimisées. Dans la finance, on remarque que les modèles actuels souffrent de carences graves qui se révèlent à nous par la crise, il faut agir au niveau prudentiel et coordonner les différents acteurs de la partition avec des objectifs réalistes, le risque du G20 de Pittsburgh est bien celui que soulignent de nombreux observateurs: Une diplomatie de l'image! N'oublions pas que les politiques interviennent au nom de tous les acteurs, et que le politique est avant tout un homme d'image plus que de réelles convictions. Les intérêts des acteurs économiques et donc financiers se rejoignent, mais les décideurs au sens régalien du terme, demeurent les politiques qui portent le cadre législatif et donc l'usage des régles de cette partie. On voit bien l'impact sur les décideurs dont on veut réglementer les rémunérations, on peut aussi regarder New-York ou cette année, pourtant année de crise financière, 40 milliards de dollars seront distritribués en bonus aux traders et acteurs de la place... Qui peut s'en plaindre au regard de la situation actuelle des marchés en plein rebond?
EDSC: Comment Finance Offshore souhaite se positionner dans l'avenir, le succès aidant?
D.REMER: Je ne cache pas que la modestie est une priorité acquise pour cette démarche trés personnelle. Il est vrai que de nombreuses propositions se font jour. Je crois que le site n'est pas encore majeur, pour diverses raisons, le temps par exemple. Des pistes intéressantes s'ouvrent à nous, nous allons réfléchir à une démarche plus cohérente avec le besoin des lecteurs. Un projet avec un important groupe de médias audiovisuel retient mon attention, le gouvernement américain lui même s'intéresse au site, bien que média indépendant! Finance Offshore qui laissera une large place au G20 de Pittsburgh qui est notre priorité actuelle, c'est à dire informer nos fidèles lecteurs et tous les autres. L'occasion m'étant offerte, il me faut remercier Google et Blogger, pour la qualité du référencement de notre travail. Merci pour votre collaboration Emanuel, car c'est avec la qualité d'implication de votre soutien que le site prend son envol... Pour conclure, nous allons ouvrir l'information sur des dossiers plus pertinents comme le dossier Clearstream par exemple, mais aujourd'hui, c'est Pittsburgh et c'est un sommet qui à mon avis, ne doit pas connaître l'échec!
EDSC: Merci aux nombreux lecteurs des différents continents, et à vous Didier, pour cette aventure qui, je l'espère en invitera d'autres!
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