"Didier REMER adepte du futur véhicule électrique Européen?..."
ENTRETIEN REALISE A LUXEMBOURG LE LUNDI 25 JANVIER 2010
ENTRETIEN REALISE A LUXEMBOURG LE LUNDI 25 JANVIER 2010
Emanuel de Saint CYR: Bonjour Didier REMER, comme vous l'évoquiez sur FINANCE OFFSHORE, l'OCDE dresse un bilan "d'auto satisfecit" sur les avancées obtenues pour les accords d'échange d'information, votre analyse est-elle aussi positive que l'organisation supranationale?
Didier REMER: Cher Emanuel, il convient de partager avec prudence ce bilan d'étape de l'OCDE. Il est clair que depuis le dernier G20, l'organisation supranationale peut avancer de bons résultats qui sont plus proches pour l'instant du succès d'estime que d'une réelle avancée claire et objective. En effet, les nombreuses ONGs ne pourront partager avec la même satisfaction les résultats présentés dans ce bilan d'étape, la raison? Une réelle inquiètude qui vient mettre un sérieux coup aux nombreuses certitudes relatives aux listes ainsi redistribuées et aux fameux accords signés entre anciens paradis fiscaux. Chacun pourra comprendre que trops nombreux sont ces accords "tête de gondole". Ils nous imposent de relativiser la mission de l'OCDE qui fait de son mieux, mais bute à l'extraordinaire volonté de certains pour jouer la montre et donc une relative obstruction aux objectifs de la communauté internationale, cette feuille de route du dernier G20.
EDSC: Pourtant l'OCDE ne cache pas sa relative satisfaction, elle parle d'un taux de 87% de ces fameux accords avec des grands états... Serait-elle suroptimiste ou simplement désireuse de faire taire certaines ONGs qui campent sur leurs positions?
D.REMER: Je ne pense pas que l'OCDE soit disposée pour faire dans le suroptimisme, cependant sous prétexte de parvenir à ses fins, je peux comprendre que positiver doit rester le mot d'ordre. L'OCDE vient en une année d'obtenir l'équivalent d'une décade, et ce n'est pas rien! Que les ONGs n'y trouvent pas encore leur compte, c'est tout à fait normal. Cependant quel est le véritable procès que font les experts des ONGs si ce n'est le manque cruel d'évaluation au cas par cas pour chaque Etat? Doit-on considérer que l'OCDE devrait obtenir un mandat plus ferme du prochain G20? Pensez-vous que l'OCDE doit être la seule organisation pour évaluer la porté des accords signés?
EDSC: Dans une récente conversation privée avec un important dirigeant européen vous auriez évoqué le besoin de voir le FMI reprendre à sa charge toutes les missions d'évaluations, considérant que la notion d'évaluation ne pouvait plus être du ressort exclusif de l'OCDE. Selon des propos rapportés, votre interlocuteur aurait éxigé le besoin de voir le volet sanction devenir une réalité. Est-ce remettre en cause la mission de l'OCDE?
D. REMER: Une conversation privée se doit de rester privée, enfin je le croyais! Pour ma part j'ai simplement posé une question sur les objectifs précis du G20 qui tentent à s'éssoufler à mesure de la reprise. Les Etats ne sont pas tous disposés à faire "le grand saut" si je puis dire. La raison est simple et évidente, chacun ne veut pas perdre le bénéfice des activités de sa place financière au détrimant d'un autre, la logique est que l' effet des efforts de certains à se conformer au mieux et au plus vite, permettra aux autres "moins bons joueurs" de tirer un avantage des situations de transitions. Plus concrètement, quand la Suisse et les européens que sont Autrichiens et Luxembourgeois sont moins empressés, c'est que le Secret Bancaire pose encore quelques réserves de bon sens. La récente fronde du président des Etats-Unis, Barack OBAMA contre les banques, leur périmètre d'action, leur poids, et à mon avis plus grave, leur pratique des placements à risque que constituent les Hedge Funds sont des nouvelles qui ne laissent plus augurer un avenir toujours plus certain pour de nombreux professionnels. Il y a incontestablement un esprit guerrier de la part de l'administration OBAMA qui ne digère pas les écarts de certains à vouloir continuer certaines pratiques si décriées au plus fort de la crise. Il y a une certaine léthargie qui s'est à nouveau installée avec beaucoup de fatalisme dans certaines professions qui rempilent avec certaines pratiques! Qui pourrait comprendre les plans sociaux qui se profilent dans le secteur de la finance et accepter de voir le retour de ces pratiques les plus dérégulatrices ? Si ce n'est que ceux qui trés logiquement, pourraient en tirer un substantiel profit...
EDSC: Un important journal économique américain parle cette semaine de la fin annoncée des Hedge Funds dans les cinq années à venir. Votre avis?
D.REMER: Ridicule au possible, les Hedge Funds sont les piliers d'un capitalisme dont les régles se muent mais ne se meurent pas! Ne pas confondre. D'ailleurs cet article précise bien dans leur configuration actuelle, ce qui invite les logiques du futur. Il faut comprendre la structure capitalistique des principales entreprises qui tirent toute l'Economie mondiale actuelle. Je veux bien entendre et comprendre que les Hedge Funds étaient de ces acteurs du capitalisme qui portèrent en eux l'origine partielle de certains effets de la crise, mais de là à imaginer que ceux-ci seraient les uniques responsables, trop c'est trop. Quand un important constructeur de ce futur véhicule électrique européen veut implémenter cette nouvelle technologie, -qui lui permet de lever des fonds pour son développement futur qui se veut toujours plus proche? Posez vous les bonnes questions! Il faut juste retrouver un équilibre serein entre besoin de développement et une certaine équité toute financière.
EDSC: Finalement les pratiques qui sont à l'origine de cette fronde contre les Hedge Funds sont pour l'essentiel minoritaires. Comment reconnaître une pratique spéculative comme plus déterminante par rapport à une autre?
D.REMER: Comme toutes les composantes de la finance, il y a bien un système de notation qui doit permettre de mesurer l'équation entre risque et optimisation. Plus vous acceptez de prendre de risques, plus vous spéculez et donc obtenez un résultat en proportion de votre capacité à accepter d'être gagnant mais, ne l'oubliez jamais, également perdant! Miser dans un véhicule électrique il y a quinze ans était un risque, aujourd'hui, il peut nous paraître moindre, car il y a ces fameuses logiques qui deviennent parfois des évidences...
EDSC: Les gens qui investissaient comme moi, dans Eurotunnel pouvaient-ils imaginer que je reste un jour bloqué plus de six heures dans un tunnel en pensant aux piteux résultats de mes actions de cette entreprise?
D.REMER: Je reconnais bien votre style, pour ce qui est de cette société, je vous aurais conseillé d'investir plus dans les deux principaux groupes de cimentiers que dans la structure fetière Eurotunnel qui n'est pas responsable de la technologie utilisée par le consortium Eurostar qui vous transportait ce jour là! Je ne peux citer les sociétés "bétons" en question, mais avec un peu d'imagination, vous allez vite comprendre ma logique... Pour être complet, pour ce fameux véhicule électrique européen voyez ceux qui produiront les accumulateurs...
EDSC: Pour revenir à l'actualité, le premier ministre luxembourgeois s'est donc retrouvé à la tête de l'Eurogroupe, doit-on parler de lot de consolation?
D.REMER: Ce n'est pas faire honneur au travail de monsieur Juncker que d'imaginer celà! Il a payé au prix fort ou juste prix selon avis et conscience, sa résistance face à une certaine démagogie ambiante relative à la crise financière. Je veux dire qu'un Veto bien français comme jugé à Luxembourg serait donc bien à l'origine de son éviction au poste de président du Conseil de l'Europe. J'ai toujours l'intime conviction qu'il s'est rendu comptable de ses positions sur le Secret Bancaire, et ne le cachons plus, l'organisation de ce sommet à Luxembourg, celui de la résistance des pays concernés au plus fort de la crise et de quelques passe d'armes avec le président français au plus fort de la crise et encore bien aprés. Il conserve son fauteuil de chef de l'Eurogroupe, mais vous l'aurez noté avec une lettre de mission toujours plus précise. Il devra faire bien des concessions par rapport au précédent opus de sa fonction, point de Jean-Claude Juncker en plein grand écart, pour ce nouveau mandat, l'Union Européenne se recentre, sur ses fondamentaux...
EDSC: La prochaine directive financière vient de démontrer votre propos, Luxembourgeois et Autrichiens s'adaptent pour reprendre un récent article de Finance Offshore? Doit-on parler d'une véritable sortie de crise?
D.REMER: 27 Etats sont disposés a s'inscrire sur une même ligne, toujours plus épurée, le Secret Bancaire va vivre ses dernière heures. Il faut comprendre que quand bien même il pourrait résister en partie à ses dernières salves, sa substance originelle s'est perdue dans le dédale d'une Commission de Bruxelles qui est à la recherche de symboles forts en matière de communication politique. Sur le fond le Liechtenstein va inaugurer la nouvelle mouture de la régle d'échange d'information de l'Union Européenne. C'est une victoire qui ne mérite pas de lauriers! Le respect de la sphère privée en est altéré à jamais tous comme les libertés individuelles... Je m'attends à voir le secret médical vivre le même sort quand nous aurons un jour pas si lointain, un controle plus poussé de notre destin avec les avancées bioéthiques qui se profilent. Il est regrettable de voir cette thèse l'emporter! Résultat de ceux qui, sous couvert d'éthique, se sont érigés en bons juges, de la vertue et sa morale!... Donc c'est une sortie de crise incontestable qui se profile pour les 27! J'ose espérer qu'elle donne un strapontin au projet de gouvernance économique et financière à l'européenne... Si chère au président français Nicolas SARKOZY!
Photographie: Tous droits réservés
En partage: ATN/CS/FINANCE OFFSHORE TV
REWRITING: BETTY VAN DEMESMAKER
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