Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker s'est voulu rassurant dans une interview au journal français « Le Figaro ». Lors de cet exercice, le président de l'Eurogroupe a balayé les nombreuses idées reçues qui selon lui, manifestent d'un intérêt contre-productif sur la logique qui doit s'imposer face à la contagion. Visant clairement les agences de notation et les investisseurs qui ne seraient que dans une vision à court terme, selon lui, renforçant ainsi toujours plus une série de problèmes...
Mesquin
Le président de l'Eurogroupe leur propose une autre grille de lecture sur la crise de la dette, son traitement. Dans cet entretien , il ne cache pas sa réelle inquiétude sur l'emprise du débat politique allemand sur l'ensemble de la Zone monétaire, reposant très certainement son analyse sur les dernières sorties du ministre de l'économie allemand, Philippe Rösler qui devait estimer il y a une semaine encore que le scénario d'une «sortie de la Grèce de la zone euro (avait) perdu de son horreur il y a longtemps»... M. Juncker ayant également affirmé dans un entretien au «Süddeutsche Zeitung» de lundi qu'une sortie de la Grèce de la zone euro ne faisait pas partie de ses «hypothèses de travail», car elle aurait «d'énormes retombées négatives». De quoi faire monter au créneau le premier ministre luxembourgeois qui n'a jamais caché que faire sortir la Grèce serait bien plus porteur de complications et risques que réelles solutions. Il devait à peine cacher que cette diatribe est à mettre au compte d'une mesquinerie bien inutile en ses temps délicats ou chacun se doit peser chaque mot: «Ceux qui pensent résoudre les problèmes de la zone euro ainsi, en excluant ou en laissant tomber la Grèce, n'ont pas bien identifié les raisons de la crise», a jugé le Luxembourgeois. «On ne devrait pas évoquer cette hypothèse juste pour servir son petit discours de politique intérieur mesquin». Voilà, sans être jamais nommé, au moins un ministre de l'Economie qui se voit clairement rhabillé pour quelques temps... Cependant il faudra aller chercher le fond de la pensé de ce même ministre pour comprendre son propos, loin de nous est l'idée de penser que la Grèce mérite tel sort, le chef de l'Eurogroupe recadre et précise son propos d'un: «Je ne veux pas minimiser les problèmes créés par la Grèce. La Grèce est toujours dans l'obligation d'apporter des résultats concrets...»
Esprit européen
Jean-Claude Juncker sait que les mois qui viennent seront tendus « Nous vivons sous la dictature de la courte vue. Les dirigeants sont poussés à réagir à tout, tout le temps, dans un feu d'artifice qui n'a rien à voir avec l'épaisseur des vraies questions. On ne se donne plus le temps de réfléchir. Moi, je prétends que les marchés se trompent aujourd'hui, comme ils se sont toujours trompés: lourdement. Pendant dix ans, ils ont fait croire que la Grèce se portait financièrement aussi bien que l'Allemagne! La crise donnera raison à ceux qui ont réagi dans le calme et la sérénité, pas à ceux qui ont suivi les hérésies et les bêtises du moment… ». Le fin diplomate ne manque pas de jouer de la cacophonie qui fait rage en Zone euro, histoire de distribuer quelques bons et mauvais points, un brin moralisateur? Pas vraiment, Jean-Claude Juncker invite plutôt à ne pas trahir l'esprit européen, qui selon lui serait une attitude « souvent stupide et parfois franchement nuisible. »
Méa-Culpa
Toujours plus proche d'un certain méa-culpa, l'homme politique et premier ministre de son état ne cache pas que la crédibilité de la BCE « ...est sûrement plus élevée que celle de la classe politique européenne. Ce n'est pas le problème de la banque, mais celui des hommes politiques. La BCE est indépendante, elle ne prend pas ses instructions des gouvernements et elle n'a pas à réconcilier leurs points de vue. Si la banque s'exprime et que les marchés réagissent bien, cela me convient à merveille. Et croyez-moi, le président Draghi dit tout haut ce que les chefs de gouvernement pensent tout bas. » Voilà comment un chef de l'Eurogroupe démontre toute la problématique des éternelles velléités si chères à nos politiciens qui confondent intérêts si particuliers et intérêt commun... Jean-Claude Juncker assure qu'il faudra mettre en place un processus de légitimation de la fonction de chef de l'Eurogroupe, mais ne cache pas: « J'ai du mal à m'imaginer l'Assemblée nationale française acceptant sans broncher les oukases d'une officine à Bruxelles. »
Crucial
Jean-Claude Juncker a bien déclaré que la zone euro était prête à agir de concert avec la banque centrale européenne (BCE) et à activer le Fond européen de secours (FESF) et donne un signal clair à ceux qui douteraient encore de l'option qui se profilera dans les prochains jours: « Nous sommes arrivés à un point crucial. Mais il reste à préciser le rythme et la mesure. Nous agirons ensemble avec la BCE, sans toucher à son indépendance. Quand je dis «nous», il s'agit du fonds de sauvetage FESF, c'est-à-dire des dix-sept gouvernements. Je ne veux pas aiguiser l'appétit des marchés, mais comme l'a dit Mario Draghi, cela se traduira par des résultats ». Par avant, il s'était fait plus insistant sur les « éxigenses des marchés », en devant préciser que « Tous les pays de la zone euro sont en train de tailler dans leurs déficits et de consolider leurs finances. C'est exactement ce que les marchés voulaient il y a quelques mois, mais ils l'ont apparemment oublié! » Souhaitons que ce point crucial si chère à monsieur Juncker sera bien celui d'une action concertée entre la BCE et le FESF, qui rapidement sera précisé dans le rythme et la mesure... A suivre.
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