Celui qui dirige l'eurogroupe n'est pas au bout de ses peines, Jean Claude Juncker, premier ministre, ministre d'état du Luxembourg n'a pas terminé de faire couler de l'encre. La presse européenne est partagée entre louanges et réelles stupéfactions pour l'homme qui n'hésite pas à dire tout le bien qu'il pense du G20 et plus particulièrement de l'OCDE... Celui qui a porté son état vers une réforme certaine et vers de beaux succès ne manque pas de témoignages d' amitié et parfois même de relais intéressants dans le jeu diplomatique post crise. Souvent enfermé dans sa mission de chef de l'eurogroupe il a cette incontestable capacité (rare) du grand écart, un jour pour affirmer le besoin de réforme et l'autre pour critiquer au plus haut point ceux qui sont en charge de la faire. Jean Claude Juncker est l' homme politique au passé le plus conséquent de l'Union Européenne, homme de dossiers et d'un franc parler certain il n'hésite pas à monter au créneau, surtout lorsque son beau pays figure sur la mauvaise liste qu'il s'empresse de qualifier de factuelle! Justement intéressons-nous à ce que le bon peuple du grand-duché pense en cette période électorale (le pays est en pleine élection): "Notre premier ministre a raison! Il est clair que le jeu du G20 est en rien équitable, pourquoi avoir refusé aux petits états leur présence?" Précise BOB de Luxembourg(36 ans). "Oui il y à une place financière importante, mais le pays ce n'est pas que les banques, Villeroy et Boch vient de fermer, et sur ce point on a pas vu notre premier ministre monter au créneau! La raison? Cette manufacture était surtout composée d'employés frontaliers!" Willy de Enhen (52 ans). Martine de Luxembourg (29ans) "Moi je pense que la place est une opportunité pour le budget de l'état, mais sur le plan humain, c'est une future catastrophe, ici aussi la crise se fait sentir, nombreuses collègues se retrouvent dans des boîtes ou l'ambiance change à vue d'oeil! Notre pays est plus connu pour ses pratiques financières que sa population, les politiques parlent d'avenir en refusant de voir le monde qui change, la mondialisation, l'écologie, la condition féminine sont des valeurs qui sont prises en compte que depuis peu, et comme par miracle le milieu associatif obtient quelques rares avancées. La Tri-parties (NDLR: Réunion/Etat, Entreprises, Syndicats) est un modèle importer des pays nordiques, mais ici on dialogue plus que l'on manifeste pour souvent ne pas voir de réels progrès!". Frantz de Remich (48 ans) précise: "Quand on parle du Luxembourg on parle d'un pays riche, mais même si c'est en partie le cas, il y a ici beaucoup de personnes modestes, des travailleurs qui remarquent que la production est au ralenti et que la crise ne s'est pas arrêtée aux frontières. Il y a de plus en plus de sans papiers (NDLR:?)et plus grave, une crise du logement, ici les prix sont prohibitifs, en tous cas pour les plus modestes! Les infrastructures sont bonnes mais il faut que nos politiques arrêtent de passer un temps fou sur la place financière, nous on souhaite un Luxembourg qui soit un pays aussi éthique que riche... Et si on demande si leur pays est un paradis fiscal voici les réponses: Bob (36ans): " Moi je pense que oui, mais si on doit considérer que c'est bien le cas, alors il faut faire le ménage partout, Andorre, Monaco... Notre spécificité ne repose pas que sur la fraude, et même si elle peut y avoir contribué, on a d'autres atouts qui feront la différence. Les hedge Funds sont un de nos atouts, mais avant tout pour la qualités des experts de la place! (...) Bon il y a l'affaire Madoff, cela serait ridicule de réduire les activités de Luxembourg sur un dossier marginal par rapport au volume des fonds traités ici! (NDLR:Luxalpha). Frantz (48ans) prend la parole:"Moi je suis pour nous débarrasser de toutes ces pratiques, on a voulu l'Europe, pas celle du fric pour le fric, d'abord quand je vois que des navires traversent la planète et sont sous nos couleurs alors que nous sommes enclavés à part notre "côte d'Azur", la vallée de la Moselle (NDLR: Frantz est de Remich au Sud du pays, au bord de la Moselle et pays viticole, le Luxembourg dispose de pavillons de complaisance pour des raisons fiscales évidentes...). Le pays est en retard sur l'écologie, il n'y a pas de plan comme en Allemagne ou en France, juste des mesurettes, mais bon le vent tourne! "(NDLR: Donc bientôt avec les éoliennes). Pour Willy (52ans):"Juncker joue gros, il sait tout l'argent facile que lui rapporte la place pour son budget, ici on dit souvent que les politiciens se sont reposés sur l'argent de la place et donc n'ont pas anticipé, la preuve, aujourd'hui le débat gronde de plus en plus! Pourtant on a l'avantage d'un pays peu endetté avec un P.I.B confortable... C'est un paradis ligth comme aime à le dire mon fils qui bosse dans une banque justement. Martine (29ans) de Luxembourg s'impose:"Moi depuis la crise, je me demande si le paradis ne devient pas notre enfer et surtout celui de notre gouvernement! Jean-Claude Juncker est plus souvent en dehors du pays pour sauver la place, (NDLR: La sienne aussi?) déjà que Luxembourg soit à la hauteur pour les luxembourgeois, tout n'est pas rose, je sais qu'ailleur ce n'est pas mieux, mais je rêve de politiques plus en phase avec notre quotidien. Je pense que le qualificatif de paradis fiscal est exagéré mais bon il n'y a pas de fumée sans feu...".
On voit que dans le pays les avis convergent, le premier ministre ne risque pas de subir les foudres d'un grand changement au niveau électoral, mais celui qui peut se montrer tenace sur les questions supranationales doit agir à l'intérieur. En résumé, le Luxembourg ne se croit pas toujours être un paradis fiscal mais c'est une évidence, refusant de devenir un enfer. La détermination de son premier ministre qui développe du talent pour fédérer la fronde contre le G20 et l'OCDE pour cette "injustice des grands sur les petits" pourra s'en inspirer pour les thèses programmatiques de sa politique intérieure...
A suivre
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